"J’ai la chance de faire un métier qui est également une passion. J’aime également me dire qu’en faisant tourner la société je fais vivre les personnes qui y travaillent, c’est une vraie responsabilité. De plus, il y a une réelle entente entre tous, ça donne envie de travailler et évite la lassitude."
Pouvez-vous vous présenter ?
Nous sommes une société familiale des Bouches-du-Rhônes, avec 5 générations derrière nous. Si au début nous faisions un peu de tout, pour répondre aux besoins d’une agriculture de proximité, aujourd’hui, nous sommes principalement arboriculteurs. Nous avons 200 hectares de pêches et nectarines, 60 hectares d’oliviers et avons acquis récemment 60 hectares de foin. Nous avons décidé de vendre exclusivement sur le marché français. Au plus fort de l’activité, l’exploitation compte 250 personnes.
C’est quoi être arboriculteur au quotidien aujourd’hui ?
C’est avant tout la proximité avec la nature, depuis le choix des variétés jusqu’à la vente et la consommation en passant par leur croissance. C’est un cycle long et toutes les étapes sont importantes. Nous sommes en culture raisonnée, ce qui veut dire que nous ne traitons que si nécessaire. En parallèle, être arboriculteur c’est aussi beaucoup de gestion au quotidien, avec de nombreux collaborateurs à encadrer et une partie administrative qui ne cesse de prendre de l’importance.
"C’est avant tout la proximité avec la nature, depuis le choix des variétés jusqu’à la vente et la consommation en passant par leur croissance. C’est un cycle long et toutes les étapes sont importantes. Nous sommes en culture raisonnée, ce qui veut dire que nous ne traitons que si nécessaire."
Qu’est ce qui vous motive le plus dans votre métier ?
J’ai la chance de faire un métier qui est également une passion. J’aime également me dire qu’en faisant tourner la société je fais vivre les personnes qui y travaillent, c’est une vraie responsabilité. De plus, il y a une réelle entente entre tous, ça donne envie de travailler et évite la lassitude.
Si vous deviez décrire l'agriculture en 2 mots, ce serait ?
Qualité & volume dans un même temps.
L’avenir de l’arboriculture et de l'agriculture en général, vous le voyez comment ?
Difficile pour être sincère. J’ai par moment l’impression qu’on voudrait nous voir arrêter de produire en France. De mon côté, je souhaite qu’on revienne à une consommation plus locale de fruits et légumes produits en France, qu’on arrête d’importer autant d’autres pays. Par moment et du fait de l’import massif, nous n’arrivons pas à vendre nos fruits, même moins chers.
Demain, nous devrons également plus communiquer sur nos pratiques, expliquer pourquoi nous faisons telle ou telle chose et ainsi rassurer. On a décidé il y a peu de nous lancer sur les réseaux sociaux, pour mettre en avant notre exploitation, notre métier, nos pratiques, notre production, mais tout ça prend du temps. On le fait quand on peut et comme on peut. De manière générale, l’exploitation est ouverte à tous ceux qui veulent voir comment nous travaillons.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?
La première difficulté, c’est la vision de l'agriculture de manière générale. On est constamment montrés du doigt pour nos pratiques, souvent à charge, nous donnant souvent l’impression d’être les "méchants". D’un autre coté, la partie consacrée à l’administratif est de plus en plus importante, avec régulièrement de nouvelles normes, conventions ou certifications qui viennent complexifier notre métier. Autant de normes qu’on nous impose et qui entrent en contradiction avec le fait de voir sur nos étals des fruits et légumes importés et produits avec des normes bien moins contraignantes que celles que nous avons actuellement.
Quel est votre ressenti sur votre secteur en cette période Coronavirus ?
Commençons par le positif, avec le retour à une consommation locale, produite en France. Autrement, nous avons connu des problèmes de main d’oeuvre et avons fait comme nous avons pu pour garantir la sécurité de tous tout en continuant à travailler. J’ai parfois eu cette impression d’avoir été laissé de côté, seul devant un problème sanitaire important, alors que nous nous devions continuer de produire pour alimenter les centres commerciaux et les vendeurs. Et aujourd'hui, 3 mois après le début de l’épidémie, on nous impose des règles sanitaires drastiques qui donnent plus l’impression que l’état souhaite se couvrir en cas de problème.
J’espère que les Français vont continuer à consommer local et que tous les acteurs de la chaîne qui promettent un lendemain différent joueront également le jeu.
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