"Je vois l’agriculture se diriger vers 2 modèles qui cohabitent. Un industriel et un local. D’un côté de grosses structures et de l’autre de plus petites structures plus diversifiées et orientées vente directe ou culture à forte valeur ajoutée (maraîchage, arboriculture, …)."
Pouvez-vous vous présenter ?
Agriculteur depuis 2005, je suis resté double actif jusqu’en 2017, avec une activité de VRP commercial. J’ai commencé avec 30 hectares auxquels se sont ajoutés 45 autres quelques années plus tard. Une surface sur laquelle nous cultivons principalement du blé, de l’orge, du maïs et du tournesol. En 2008, nous avons racheté 1 poulailler, avant d’en construire 2 autres en 2012. Aujourd’hui, nous en avons 7 (principalement 400m carré en Label), pour une production exclusivement en plein air. Autre casquette, celle d’entrepreneur. J’ai racheté une moissonneuse batteuse il y a quelques années pour faire de la prestation de proximité, sur une clientèle essentiellement céréalière.
C’est quoi être éleveur au quotidien aujourd’hui ?
C’est faire 50 métiers différents en même temps. Être à la fois gestionnaire, agronome, éleveur, commerçant, … Autant de métiers qui prennent du temps individuellement mais sont nécessaires pour être rentable. Etre agriculteur aujourd’hui, c’est tout calculer. Mon objectif avec les céréales est de faire nos aliments nous-mêmes. Nous avons acheté un camion usine d’aliments, avec à terme l’ambition de produire l’alimentation nécessaire pour alimenter les poulaillers.
"Etre agriculteur, c’est faire 50 métiers différents en même temps. Être à la fois gestionnaire, agronome, éleveur, commerçant, …"
Qu’est ce qui vous motive le plus dans votre métier ?
Avant tout l’absence de monotonie. Nos 3 activités - agricole, ETA et élevage - s’étalent sur toute l’année, sans se chevaucher. J’aime l’idée de ne pas avoir tous mes oeufs dans le même panier, de ne pas être dépendant d’une seule et même activité. L’indépendance et la traçabilité sont aussi des éléments motivateurs. L’idée est d’aller de plus en plus vers de la vente directe et d’avoir une traçabilité complète sur la totalité du cycle de production. Pour l’alimentation de nos volailles, nous voudrions, en plus des nôtres, des céréales produites à maximum 50 km à la ronde. Notre métier, c’est une remise en question permanente de nos méthodes.
Si vous deviez décrire l'agriculture en 2 mots, ce serait ?
Local et transparence dans la manière de produire, pour donner envie de consommer.
"Notre métier, c’est une remise en question permanente de nos méthodes."
L’avenir de l’élevage et de l'agriculture en général, vous le voyez comment ?
Je vois l’agriculture se diriger vers 2 modèles qui cohabitent. Un industriel et un local. D’un côté de grosses structures et de l’autre de plus petites structures plus diversifiées et orientées vente directe ou culture à forte valeur ajoutée (maraîchage, arboriculture, …). Un double modèle qui correspond aux habitudes de consommation que l’on voit émerger aujourd’hui, avec des niveaux de prix et de qualité différents.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?
La partie administrative est clairement la première des difficultés. Celle-ci est de plus en plus importante. Le fait d’avoir plusieurs casquettes est un avantage et une difficulté en même temps. Chaque métier étant un métier à plein temps, la démultiplication des activités amène forcément à une augmentation des temps de travail. La gestion du temps avec des contraintes horaires fortes est un élément central de notre activité.
Quel est votre ressenti sur votre secteur en cette période Coronavirus ?
De la peur au départ, on n’a jamais connu ce type de crise. Après, en termes de ventes, que du positif. On a eu de nombreuses demandes pour des poules pondeuses. On a également vu la demande locale doubler grâce à la livraison à domicile associée à un réseau fort du fait des expériences précédentes. Reste à savoir si cette consommation plus locale se poursuivra dans les prochaines semaines.